Ultras du PSG : Le Top 5 des idées reçues après France-Australie

Publié le 15 Octobre 2013

Quelques jours après la rencontre amicale entre l’équipe de France et l’Australie, disputée vendredi au Parc des Princes, les sifflets et la manifestation pacifique d’un groupe d’Ultras, présents dans les tribunes de l’enceinte parisienne, ont suscité de vives réactions durant le week-end. Si beaucoup de choses plus ou moins acceptables ont été entendues ou lues ici et là, retour sur la polémique avec notre top 5 des idées reçues sur les Ultras parisiens pour éviter les amalgames.

Fumigènes au Parc des Princes lors de PSG-Nice (2-1), en 2009 (© psgmag/Wikimedia commons)

Fumigènes au Parc des Princes lors de PSG-Nice (2-1), en 2009 (© psgmag/Wikimedia commons)

Des sifflets anti-Valbuena ainsi que des chants pro-PSG ont été entendus vendredi soir, au Parc des Princes, à l’occasion de la large victoire des Bleus en match amical contre l’Australie (6-0). Durant la rencontre, un groupe de 200 Ultras parisiens, selon les estimations, qui ont réussi à accéder aux tribunes de l’enceinte de la Porte de Saint-Cloud, pour la première fois depuis la mise en place de la politique de répression des anciens membres d’associations dissoutes, le plan Leproux, en 2010, avaient prévu de manifester pacifiquement leur mécontentement envers les dirigeants du Paris Saint-Germain.

Dès la 20e minute, ces Ultras, présents dans l’ancienne tribune « G Rouge », près du virage Auteuil, se sont levés pour chanter « Et il est mort, et il est mort le Parc des Princes », ainsi que des « Paris, Paris, c’est nous » ou encore « Liberté pour Ultras ». Si les stadiers les ont alors repérés, les encadrant pour le reste de la partie, aucun débordement n’a été à signaler lors de cette soirée de fête au Parc. Seule ombre au tableau, les quelques supporteurs Ultras refoulés aux abords de l’enceinte avant la rencontre, reconnus « au faciès », par les forces de l’ordre chargés de sécuriser l’entrée des supporteurs jusqu’à leurs tribunes et faire en sorte que le match se déroule sans encombre.

Des Ultras parisiens refoulés devant le Parc

Ces derniers, censés avoir été engagés par la Fédération Française de Football, organisatrice de la rencontre, sont en réalité des « physionomistes » du Paris SG, pour débusquer les supporteurs dits « indésirables », c’est-à-dire susceptibles, selon le club, de débordements, d’après leur passé d’ex-membres d’associations de supporteurs aujourd’hui dissoutes. Certains d’entre eux, pourtant en règle (pas d’interdiction de stade, munis de billet pour le match), n’ont donc pas pu assister au succès des partenaires de Franck Ribéry. Une pratique illégale, car ces IDS, qu’elles soient administratives ou judiciaires, ne peuvent être délivrées par le club. Ce dernier n’a donc aucun droit d’avoir une « liste noire » de 2 000 supporteurs, ce qui d'ailleurs a valu au PSG d’être récemment mis en demeure par la CNIL à ce sujet.

Ultras du PSG : Le Top 5 des idées reçues après France-Australie

Le contexte est ainsi posé. Après avoir lu tout et n’importe quoi dans des articles et commentaires publiés dans des journaux ou des blogs, entendu des analyses sur des plateaux de télévision, "Au cœur du PSG" vous propose un Top 5 des idées reçues sur les Ultras pour rétablir la vérité sur ce groupe de supporteurs, aujourd'hui pris en otage par les dirigeants du club de la capitale, depuis l’instauration de la politique des tribunes de l’ancien président parisien Robin Leproux, source du conflit qui oppose les deux parties depuis trois ans.

1. Les Ultras ne sont pas des « fachos »

C’est la principale critique vue sur la toile ce week-end, en raison notamment du geste effectué par les supporteurs, bras tendu, et assimilé au salut nazi. Dans les commentaires des articles publiés sur le net, à la suite de la rencontre France-Australie au Parc des Princes, tous sont unanimes : ce geste est vu dans de nombreux stades européens et il ne signifie en aucun cas que les personnes levant ainsi leur bras doivent être assimilées à une sensibilité d’extrême-droite. Si par le passé, une frange des tribunes historiques pouvaient être assimilées à un mouvement politique, ceci est un amalgame classique sur les Ultras, qui n’a pas pas lieu d’être. C’est en véhiculant ce genre d’idées reçues, que ces Ultras du PSG sont stigmatisés, développant un climat de peur injustifié autour d’eux.

2. Les Ultras ne sont pas « dangereux »

Assimilés aux casseurs, c'est-à-dire ceux qui se mêlent aux supporteurs en profitant de n’importe quelle manifestation sportive pour s’en prendre aux biens matériels et aux forces de police - le plus bel exemple reste ce qu'il s'est passé en mai dernier au Trocadéro, lors de la fête du titre de champion de France 2013 -, la grande majorité des Ultras ne souhaitent qu’une chose, défendre leur droit à exprimer leur mécontentement général contre la réforme des tribunes mise en place par le club. Et ce rejet dont ils sont victimes, à l’entrée du stade, au Parc comme lors des déplacements des Parisiens (Valenciennes, Nantes) ou de rencontres disputées par les autres équipes du PSG (féminine, handball) ne sert qu'à les marginaliser encore un peu plus, alors que ces derniers restent en attente d'un dialogue avec les dirigeants en vue de trouver une solution sur cette impasse.

3. Tous les Ultras ne sont pas interdits de stade

A chaque fois que leur accès au stade leur a été refusé, les Ultras étaient pourtant en règle, sans aucune interdiction de stade. Pour montrer l’absurdité d’une telle situation, les supporteurs, venus soutenir les Parisiennes à Charléty, il y a quelques semaines, avaient prévu de déployer une banderole… contre la mucoviscidose. Pierre Barthelémy, avocat d’Ultras, a alors mis en demeure le PSG pour demander aux dirigeants qataris des explications sur les refus d’entrée au sein de l’enceinte parisienne et le remboursement de leurs billets.

4. Fallait-il siffler Valbuena ?

Dans le cadre du match de l’équipe de France, en quête d’encouragements de la part de ses supporteurs, notamment en vue de la prochaine rencontre des éliminatoires du Mondial 2014 face à la Finlande, siffler un joueur de Didier Deschamps, un Marseillais qui plus est, n’était certes pas un comportement adéquat à afficher ce soir-là. Loin de défendre l'un ou l'autre des deux parties, on peut juste comprendre le contexte de ces sifflets par les supporteurs parisiens.

Quelques jours à peine après un classico particulièrement tendu disputé au stade Vélodrome entre le PSG et Marseille, c'est l’attitude négative affichée par Valbuena, à l’origine de l’expulsion du Parisien Thiago Motta et du penalty en faveur des Phocéens, qui a été sifflée par le public parisien, se sentant « chez lui », au Parc des Princes, alors que le Classico s'était joué une semaine auparavant sur le terrain de l'OM. Il est ainsi fort probable que si le match France-Australie s’était déroulé au Vélodrome, le milieu de terrain Blaise Matuidi, et peut-être même l'ancien défenseur du PSG Mamadou Sakho, aurait été lui aussi sifflé dans ce même contexte.

Si, certes, ce n'est pas un comportement "convenable" vu le désamour qui unit actuellement les supporteurs tricolores aux internationaux français, dans le contexte d'un match des Bleus, cela fait aussi partie de la vie d'un Classico, qui se vit pendant le match et en dehors. Au-delà de ces sifflets, préférons plutôt souligner le bon comportement de ces Ultras, qui ont manifesté pacifiquement leurs idées au Parc, vendredi, sans gêner les supporteurs des Bleus venus en famille pour une majorité d'entre eux.

5. Le Parc des Princes, « c’était mieux avant »

Pour avoir assisté à des matches avant et après la réforme Leproux, force est de constater que l’ambiance du stade parisien est bien plus calme aujourd’hui, depuis la dissolution des associations Auteuil et Boulogne, le placement aléatoire des anciens abonnés de ces tribunes et une politique tarifaire plus élevée depuis l’arrivée des dirigeants qataris, avec des avantages concédés pour les enfants et les femmes. Moins de passion enflammée venue des virages, pourtant habitués jusqu’à 2010 à être animés par des chants non-stop pour l’équipe, des sifflets appuyés à l’encontre des adversaires, des fumigènes, pourtant interdits, et de très beaux tifosis dans les gradins. Défouloir social après une semaine difficile au travail, le stade est censé permettre aux supporteurs de se « lâcher » en encourageant ses joueurs préférés. Ce qui est désormais interdits aux Ultras, supporteurs de la première heure du PSG, par la politique abusive du club, qui repère au « faciès » les supporters jugés « indésirables ». Une pratique illégale.

Un Parc plus calme, un mal pour un bien ? Oui et non. Si le club se devait de réagir après le drame survenu en 2010 avec la mort d'un supporteur parisien aux abords du stade à la suite d'une rixe entre deux bandes rivales, casser l'ambiance de ces tribunes qui ont participé à l'histoire du Paris Saint-Germain et se mettre à dos ces centaines d'Ultras parisiens n'a pas tout à fait résolu le problème d'origine, à savoir endiguer les violences commises autour du Parc des Princes. Les résultats sont là, aucun mort n'a été à signaler depuis 2010, mais le stade, du point de vue de la majorité de ses supporteurs, a perdu une partie de son « âme ». La solution serait, dans un premier temps, de renouer le dialogue entre ces supporteurs, qui ne demandent qu'une chose, revenir au Parc mais dans de meilleurs conditions. Un dialogue qui leur est refusé aujourd'hui par les dirigeants du PSG.

Bande-annonce du documentaire « Parc » (70 min) de Jérôme Bénadiner & William S. Touitou, produite par Whenwewerekids.

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